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Michel Kilo, intellectuel et opposant syrien, est mort

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Michel Kilo, à la sortie du ministère des affaires étrangères à Moscou, le 9 juillet 2012. Michel Kilo, à la sortie du ministère des affaires étrangères à Moscou, le 9 juillet 2012.

L’intellectuel de gauche Michel Kilo, conscience démocratique de l’opposition syrienne, est mort lundi 19 avril, à l’âge de 81 ans, à Paris, où il résidait depuis dix ans, des suites d’une contamination due au Covid-19. Il a joué, durant les premières années du soulèvement syrien, un rôle important dans les efforts – finalement infructueux – visant à former une alternative crédible au régime de Bachar Al-Assad.

Michel Kilo voit le jour le 7 janvier 1940 dans un foyer chrétien de la région de Lattaquié, sur le littoral syrien. Les écrits de son compatriote Yassine Al-Hafez (1930-1978), célèbre penseur marxiste de l’époque, en rupture avec le Baas, le parti panarabe et socialisant qui a pris le pouvoir à Damas en 1963, guident ses premiers pas en politique. Dans les années 1970, il prend parti pour la résistance palestinienne, à rebours de Hafez Al-Assad (1930-2000), arrivé à la présidence en 1970, qui cherche alors à mettre au pas l’OLP.

Un inlassable démocrate

A la fin des années 1970, Michel Kilo prend part à la première phase de contestation du système Assad, dont l’extrême gauche fut un acteur important, avant que le mouvement ne soit récupéré par les Frères musulmans. Un activisme qui lui vaut son premier séjour en prison, entre 1980 et 1982. Après sa libération, il s’exile quelques années en France, avant de retourner dans son pays au début des années 1990, où il se consacre à la traduction et l’écriture d’ouvrages de pensée politique.

En 2000, il est l’une des grandes voix du « printemps de Damas », cette courte période de libéralisation qui marque l’arrivée au pouvoir de Bachar Al-Assad. Dans les cercles de discussion qui éclosent alors à travers le pays, il plaide pour l’instauration du pluralisme, la libération des prisonniers politiques et l’abrogation de la loi condamnant à mort tous les membres du mouvement des Frères musulmans, que l’ex-communiste ne considère pas comme un danger. La parenthèse sera de courte durée. Et le régime la referme au bout de quelques mois.

En 2005, Michel Kilo, inlassable démocrate, accepte, aux côtés d’autres intellectuels de renom, de participer aux travaux préparatifs du 10e congrès du parti Baas. Mais, à son grand dépit, Bachar Al-Assad ne retient aucune des réformes suggérées par ces indépendants. Au contraire. Le régime sévit la même année contre les signataires de la Déclaration de Damas, un appel à la démocratisation du système politique syrien.

L’exil en France

Michel Kilo, qui a endossé ce texte, goûte trois années de plus à l’enfer carcéral syrien. Pourtant sa foi dans le dialogue est telle qu’en 2011, durant les premiers mois du soulèvement anti-Assad, il maintient encore des contacts avec des responsables du régime. Mais, en novembre, de peur de servir de couverture à la répression qui s’accroît, il fuit Damas pour Paris, où il obtient l’asile politique.

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