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La Chine embarrassée par l’escalade de la violence en Birmanie

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Une usine chinoise en feu dans la zone industrielle de Hlaing Thar Yar, au Yangon, en Birmanie, le 14 mars 2021. Une usine chinoise en feu dans la zone industrielle de Hlaing Thar Yar, au Yangon, en Birmanie, le 14 mars 2021.

Prise à partie ces derniers jours par les manifestants qui la soupçonnent de soutenir la junte birmane ayant chassé Aung San Suu Kyi du pouvoir le 1er février, la Chine fait preuve d’une modération qui frise l’équilibrisme et souligne son embarras. Certes, le quotidien nationaliste Global Times suggère que les Birmans, qui ont, selon lui, vandalisé 32 usines détenues par des capitaux chinois, étaient manipulés par des « forces occidentales antichinoises, des ONG et des sécessionnistes de Hongkong », mais le ministère des affaires étrangères se montre, lui, beaucoup plus mesuré.

Lundi 15 mars, au cours d’un point presse quotidien, le porte-parole, Zhao Lijian, a qualifié d’« incidents » les « actes de vandalisme, de pillage et les attaques » commis le 14 mars contre les entreprises chinoises. Auparavant, cet homme, pourtant peu connu pour sa modération, avait pris soin de préciser que « la Chine espère que les parties concernées au Myanmar [Birmanie] garderont leur calme et feront preuve de retenue dans l’intérêt fondamental de la population, qu’elles régleront leurs divergences à travers le dialogue et la consultation à l’intérieur du cadre constitutionnel et légal et continueront de faire avancer la transition démocratique ». Pékin demande au gouvernement de « prendre des mesures concrètes pour protéger ses ressortissants » mais n’incite pas à la répression. Les 1er et 4 mars, lendemains de bains de sang en Birmanie provoqués par l’armée, les autorités chinoises avaient déjà appelé toutes les parties au calme et au dialogue, sans critiquer alors les militaires.

La Chine a de nombreuses raisons d’être préoccupée par la situation en Birmanie. Les deux pays ont une frontière commune d’environ 2 000 kilomètres et le premier a d’importants intérêts économiques et stratégiques chez le second. L’établissement d’un « corridor économique Chine-Myanmar » doit permettre à Pékin d’avoir un accès direct à l’océan Indien et au golfe du Bengale sans passer par le détroit de Malacca. Depuis 2017, la Birmanie est d’ailleurs partie prenante des « nouvelles routes de la soie », ce vaste projet d’investissements chinois à travers le monde.

« Du côté du manche »

Est-ce à dire que la Chine soutient la mise à l’écart d’Aung San Suu Kyi dont le parti avait remporté haut la main les élections de novembre 2020 ? En qualifiant de simple « remaniement ministériel » ce que les Etats-Unis ont appelé « coup d’Etat » puis en bloquant, avec Moscou, une condamnation des militaires par le Conseil de sécurité de l’ONU, Pékin a semblé appuyer la junte. Mais la réalité est sans doute plus complexe : « La Chine n’est pas derrière le coup d’Etat des militaires. Elle est simplement du côté du manche et souhaite une résolution politique de ce conflit. Mais on n’en prend pas le chemin et la Chine est embarrassée, surtout que les pays d’Asie du Sud-Est réunis au sein de l’Asean sont incapables de prendre une position sur le sujet », note Jean-Pierre Cabestan, professeur à l’université baptiste de Hongkong.

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