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Canada: les avocats d’une cadre de Huawei contestent la version américaine

Les avocats de la directrice financière de Huawei ont abordé lundi à Vancouver la dernière phase de la procédure d’extradition de leur cliente en s’attaquant au coeur des accusations des Etats-Unis: ils ont démenti qu’elle ait menti à HSBC sur les activités du groupe chinois en Iran.

Meng Wanzhou, 49 ans, avait été arrêtée fin 2018 à l’aéroport de Vancouver à la demande des Etats-Unis, qui l’accusent d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran et veulent la juger pour fraude bancaire.

Washington accuse plus précisément Mme Meng d’avoir menti à un cadre de la banque HSBC, lors d’un exposé qu’elle avait fait en 2013 à Hong Kong, sur les liens entre Huawei et une filiale baptisée Skycom qui vendait des équipements de télécoms à l’Iran, exposant la banque à des sanctions américaines. L’intéressée a toujours nié ces accusations.

Dès la première journée d’audience, les avocats de Mme Meng ont affirmé que HSBC « savait parfaitement » en 2013 que Huawei était propriétaire de Skycom, puis contrôlait la société à qui elle avait cédé ses parts en 2007, Canicula.

« La banque savait que Skycom avait vendu ses actions à Canicula et la banque savait que Huawei contrôlait le compte bancaire de Canicula », a assuré l’un d’eux, Frank Addario.

Selon lui, les affirmations de la justice américaine selon lesquelles Mme Meng a cherché à induire en erreur son interlocuteur en essayant de « cacher quelque chose sur cette relation » entre Skycom et Huawei, sont « trompeuses et pas dignes de confiance ».

Pour appuyer sa défense, Huawei a tenté le mois dernier d’avoir accès à des documents internes à HSBC, notamment une copie de la présentation de Mme Meng au coeur de la procédure. Mais un tribunal britannique a rejeté la demande du groupe chinois mi-février.

Le représentant du ministère public canadien, Robert Frater, a pour sa part écarté les arguments de la défense, estimant qu’ils relevaient d’un procès pénal, où des versions contradictoires sont présentées, et non d’une simple procédure d’extradition.

-Soutien de Biden-

La défense devrait aussi plaider cette semaine que l’ancien président américain Donald Trump a « empoisonné » la procédure en affirmant fin 2018 qu’il n’hésiterait pas à intervenir dans le dossier contre Mme Meng si cela permettait d’obtenir des concessions commerciales de la Chine.

La directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou (c), quitte son domicile pour se rendre à la Cour suprême de Colombie-Britannique, le 1er mars 2021 à Vancouver, au Canada (AFP - Don MacKinnon)

La directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou (c), quitte son domicile pour se rendre à la Cour suprême de Colombie-Britannique, le 1er mars 2021 à Vancouver, au Canada (AFP – Don MacKinnon)

Des allégations que les avocats du procureur général du Canada avaient demandé au juge de rejeter, avançant que ces déclarations ont été prononcées par « un président qui n’est plus en poste, à propos d’une éventuelle intervention qui, dans cette affaire, n’a jamais eu lieu ».

L’affaire a entraîné une crise diplomatique sans précédent entre la Chine et le Canada, dont elle est le deuxième partenaire commercial après les Etats-Unis, et ces audiences interviennent dans une période particulièrement tendue entre les deux pays.

La semaine dernière, le président américain Joe Biden a publiquement apporté son soutien au Canada pour exiger la libération de deux Canadiens arrêtés en Chine une dizaine de jours après l’interpellation de Mme Meng.

Deux autres initiatives canadiennes ont provoqué la fureur de Pékin.

Ottawa a lancé en février une déclaration signée par une soixantaine de pays dénonçant les détentions arbitraires d’étrangers comme moyen de pression diplomatique. Les députés canadiens ont également adopté une motion non contraignante assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïghoure à « un génocide », qualifiée de « provocation malveillante » par Pékin.

Des militants tiennent des photos des Canadiens Michael Kovrig (d) et Michael Spavor, détenus en Chine, devant la Cour suprême de Colombie-Britannique, en mars 2019 à Vancouver, au Canada  (AFP/Archives - Jason Redmond)

Des militants tiennent des photos des Canadiens Michael Kovrig (d) et Michael Spavor, détenus en Chine, devant la Cour suprême de Colombie-Britannique, en mars 2019 à Vancouver, au Canada (AFP/Archives – Jason Redmond)

Quelques jours après l’interpellation de Meng Wanzhou à Vancouver, où elle vit depuis en résidence surveillée, l’ex-diplomate canadien Michael Kovrig et son compatriote, le consultant Michael Spavor, avaient été arrêtés en Chine et accusés d’espionnage.

Pour le Canada, soutenu par de nombreux pays occidentaux, les deux Canadiens sont détenus de façon « arbitraire », en représailles à l’arrestation de Mme Meng, ce que Pékin dément.

Les audiences, suspendues mardi, reprendront mercredi et doivent se terminer à la mi-mai. En cas d’appel, la procédure pourrait durer encore plusieurs années.

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