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L’Argentine se cherche un modèle agricole

Lors d’une manifestation contre l’agriculture intensive, une Argentine brandit une pancarte sur laquelle on peut lire : « On produit de la nourriture, les politiciens produisent des pauvres. » A San Nicolas, dans le nord-est du pays, le 11 mars 2020. Lors d’une manifestation contre l’agriculture intensive, une Argentine brandit une pancarte sur laquelle on peut lire : « On produit de la nourriture, les politiciens produisent des pauvres. » A San Nicolas, dans le nord-est du pays, le 11 mars 2020.

« Si le campo [l’agriculture] va bien, le pays va bien. » L’adage, bien connu en Argentine, révèle l’importance des secteurs agricole et agroalimentaire, qui représentent, en 2018, plus de 60 % des exportations argentines et quasiment 10 % du produit intérieur brut. L’agriculture constitue l’un des principaux moteurs de l’économie de cet immense Etat dont les surfaces cultivables s’étendent bien au-delà de la Pampa humeda, cette grande zone fertile qui traverse six provinces du centre du pays.

Bonne nouvelle pour le secteur : 2021 a démarré sur une forte hausse des cours des matières premières, et en particulier du soja, dont l’Argentine est le troisième producteur mondial. Mais cette année s’est également ouverte sur de fortes tensions entre le gouvernement et les grands producteurs agricoles, échaudés par la rumeur d’une possible hausse des taxes sur les exportations.

Le gouvernement – qui n’a pas donné suite aux multiples sollicitations du Monde – fait face à un dilemme : d’une part, il a cruellement besoin de devises étrangères obtenues grâce aux exportations, afin de faire face à la crise que traverse l’Argentine et alors qu’il se trouve en pleine renégociation de sa dette auprès des créanciers internationaux, FMI en première ligne. D’autre part, les autorités veulent éviter une flambée des prix sur le marché interne, dans un pays qui n’arrive pas à se défaire de son taux d’inflation annuel à deux chiffres.

Rétropédalage

Les taxes sur les exportations sont à l’origine d’un épreuve de force quasi permanente entre les producteurs et l’Etat. Elles s’élèvent actuellement à 33 % pour le soja et à 12 % pour le maïs et le blé. « Le secteur agricole est uniquement vu par le gouvernement comme une source de recettes fiscales, et non comme un secteur qui peut générer davantage de ressources pour l’Argentine, surtout grâce aux exportations », dénonce Jorge Chemes, président des Confédérations rurales argentines (CRA), l’une des principales fédérations agricoles, et l’une des plus combatives.

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« Les producteurs ne peuvent pas vendre [des aliments] aux Argentins au même prix qu’à l’international », a déclaré le président de centre gauche, Alberto Fernandez, dans une interview au journal Pagina/12 publiée le 7 février, menaçant d’augmenter les taxes aux exportations pour encourager le secteur agricole à orienter une plus grande partie de sa production au marché domestique et pour, in fine, faire baisser les prix.

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