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La Hongrie, tête de pont de la Chine en Europe

Vue du site du futur terminal ferroviaire de Fényeslitke, en Hongrie, le 19 janvier 2021. Vue du site du futur terminal ferroviaire de Fényeslitke, en Hongrie, le 19 janvier 2021.

Les pelleteuses s’affairent à aplanir le sol désespérément gelé des confins de la plaine hongroise. Si tout va bien, d’ici à la fin 2021, devrait s’ériger sur ce terrain désolé de 125 hectares, situé à une dizaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, ce que ses concepteurs ont déjà baptisé « le plus grand et le plus moderne terminal ferroviaire d’Europe ». En 2022, les premiers trains en provenance de Chine devraient décharger leurs conteneurs à Fényeslitke, qui deviendra une nouvelle porte ferroviaire sur l’Union européenne (UE). Après avoir traversé la Russie et l’Ukraine sur des wagons à écartement russe, ceux-ci seront transférés sur des trains à écartement européen, puis partiront à destination de tout le sud du Vieux Continent.

« Nous pourrons accueillir jusqu’à quatre trains en même temps, ce terminal sera bien plus grand que ceux existant en Pologne et en Biélorussie », vante Janos Talosi, PDG de l’entreprise East-West Gate, qui veut concurrencer l’axe actuel passant par l’Allemagne. « Notre situation géographique lui permettra d’être la porte occidentale des “nouvelles routes de la soie”, les marchandises de Chine pourront arriver en seize jours », ajoute-t-il, en prenant toutefois soin de dire que « c’est un projet privé qui ne dépend pas directement » du grand plan de Xi Jinping consistant à faciliter les exportations chinoises via de nouvelles infrastructures financées par Pékin, un peu partout entre l’Asie et l’Europe. Mais si M. Talosi est très prudent dès qu’il s’agit de parler de géopolitique, l’investissement à hauteur d’une soixantaine de millions d’euros, et provenant à 80 % d’un milliardaire russo-hongrois, Ruslan Rahimkulov, profitera de la position très pro-Pékin de Viktor Orban, le premier ministre ultranationaliste au pouvoir à Budapest.

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A l’image de East-West Gate, ces derniers mois, les annonces d’investissements chinois ou favorables aux intérêts chinois se sont en effet multipliées dans la patrie d’Europe centrale. Si la Chine tente depuis plusieurs années de mettre un pied dans la région, avec plus ou moins de succès selon les Etats, 2020 a marqué une brutale accélération de ses plans en Hongrie. Avec la Serbie, qui ne fait pas partie de l’UE, la nation de Viktor Orban est le pays d’Europe le plus ouvert à Pékin, une façon pour le dirigeant hongrois de contrebalancer une Union européenne qu’il ne cesse de fustiger, même s’il se garde bien de la quitter. « S’il y a d’autres pays comme l’Italie ou la Grèce qui peuvent être sensibles à la Chine, aucun ne lui voue un amour inconditionnel comme la Hongrie », souligne Agnes Szunomar, professeure d’économie spécialiste de la Chine à l’université Corvinus de Budapest.

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